Les Fables de la Carrière - 3 - " Le Maître-Ouvrier "


Le Maitre ouvrier, et la carrière de bousin.

Un jeune tâcheron, parti faire la noce.
Ayant pour idée, de boire son salaire.
Avec les charrons, amis de basse-fosse.
Les manouvriers, bardeurs et compères.
Á la troisième pinte, tout le monde se tait,
Un huppé cossu, a fait son entrée.
Réclame une absinthe, puis va s'installer,
Visage inconnu, trop bien habillé.
Il y a des moments, rares, mais ça ce peu,
Qu'une tache est plus propre, qu'là où elle se trouve.
Ici, l'élégant, aux habits fort soyeux,
Était une sorte, de prince dans un bouge.
Le petit pierreux, s'approche du richard,
-"Bonsoir cher monsieur, êtes vous égaré?"
Êtes vous malheureux, êtes vous sans espoirs?"
Venir en ce lieu, loin de votre quartier?"
-"Non point, jeune carrier, Je suis à ma place
Y'a pas si longtemps, j'étais un tâcheron.
Comme toi, mal payé, mais j'ai eu l'audace.
D'être indépendant, d'être mon patron!"
« Je cherche un carrier, pour une bonne affaire,
Un homme courageux, qui souhaite réussir,
Un homme ambitieux, qui veut devenir,
Le maître-carrier d'une carrière de pierre... »
« La pierre qu’on y tire, est tellement si bonne,
Si pure et si dure, vendue à prix d’or,
Qu’elle sert à bâtir, fabuleuses colonnes,
Incroyables murs, faramineux forts. »
« J’en ai sorti tant, que me voila maître,
J’ai assez d’argent, loué soi le sort,
Je veux  maintenant, prendre ma retraite,
Vendre sur le champ, transmettre mon trésor. »
Le jeune sent l'aubaine, c'est inespéré,
Un  maître-carrier ! Quelle belle promotion !
Les autres à la peine, je regarderais,
Mes manouvriers, mon exploitation.
-« monsieur le rupin, soyez assurés,
Que de tous ici, je suis le plus apte,
Le plus dégourdi, pour conclure ce pacte.
Mon oncle Sébastin, le confirmerais. »
-« Ma fois pourquoi pas, combien avez-vous ?
-j’ai tout mon salaire,  mes économies,
Une bourse grosse comme ça ! ça en fait des sous.
Et ma conseillère, peu m’faire un crédit. »
-« Cela fera l’affaire, signons les papiers,
J’les ais dans ma poche, ils sont déjà prêts. »
Ainsi ils signèrent, une croix à tracé,
Puis la bourse en poche, donna à regret…
Le lendemain matin, à potron-minet,
Le jeune Maître-carrier, Se rendit à pied,
Á l’adresse notée, sur l’acte signé,
La veille en soirée, à l’estaminet.
-« Où ça peu bien être, ce Vitard-sur-Isle ?
C’est pas étonnant, qu’j’ai pas entendu,
Parlé de c’te pierre, qui en vaut dix mille.
En partant maintenant, ce soir j’srais rendu ! »
Une fois arrivé, le pauvre Pierreux,
C’est mis à crier, « espèce d’argousin ! »
Car en fait de pierre, c’est vraiment affreux,
Cette carrière de pierre, n’étais qu’du bousin !
La moralité, car il y en a une,
quand mots de velours, te poussent à saisir,
Une poule aux œufs d’or, ou même la lune,
On gagne toujours, à bien réfléchir.
-"Le Cercle des Carriers Disparus"-
carpe diem , bibemus cervisiam.

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